mardi 1 décembre 2015

Sombre interlude

Les interludes sont rares* sur ce blog. Ces dernières semaines m'ont plongée dans un silence pesant, et je n'arrive toujours pas à trouver l'envie d'écrire ici. (Ma) vie quotidienne m'a paru soudain encore plus futile qu'elle ne l'était déjà, et continuer d'échanger à ce sujet m'a semblé d'évidence totalement déplacé, disons inapproprié au vu des circonstances. Puis le temps a passé. Mais le goût n'est pas revenu. Sous toutes ses formes. L'appétit, la musique - et pourtant elle est ma "survie", mon réconfort -, la fête… Le plaisir, en somme. Je ressens confusément trop d'émotions qui luttent les unes avec les autres, et que je n'arrive à tempérer. Choc / profonde tristesse / vague à l'âme / trouble / lassitude / honte / colère / tension / et j'en passe. Je pleure l'insouciance perdue de mon enfance, et la bulle que je m'étais construite avec le temps est définitivement brisée. Mon monde a basculé, et je me déteste de ce que j'endure si égoïstement alors que Le monde ne tourne pas rond depuis la nuit des temps, et partout ailleurs que Chez moi (je me permets une note d'humour en faisant référence à la fiction Game of Thrones dont je viens de terminer le dernier épisode en date, qui reflète parfaitement un monde [im]monde corrompu par le pouvoir et les croyances). Les mots ne viennent plus, le silence s'impose et mon cerveau implose. 

Je sais qu'il faut aller de l'avant, réapprendre à respirer sereinement - entendons-nous bien, ce n'est pas la peur qui m'habite, mais bien la résultante d'un traumatisme intrinsèque, une sorte de "syndrome du survivant", une plaie ouverte, une gueule de bois qui n'en finit pas. Le temps de [ma] résilience viendra, assurément.

Il est toutefois difficile de reprendre la plume avec la même légèreté. Même le temps d'un interlude. Et pourtant. Le monde continue de tourner avec ce qu'il a de plus abject et ce qu'il nous apporte de plus beau. Alors je posterai tantôt les billets en réserve. Jusqu'à ce que l'envie revienne. [ Demain est un autre jour. ]




"Il y a tout lieu d’être pessimiste, mais il est d’autant plus nécessaire d’ouvrir les yeux dans la nuit,
de se déplacer sans relâche, de se remettre en quête de lucioles."
Georges Didi-Huberman, Survivance des lucioles __



* Les interludes et autres parenthèses ici présents sont d'ordinaire affublés d'un terme plus poétique : Interlude solarisé, Parenthèse enneigée, Parenthèse ensablée, Parenthèse enchantée, Aparté marin

1 commentaire:

  1. je comprends, mais grâce à toi, on s'emmerveille à nouveau, on sourit, on retrouve l'envie

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